Au club de Versailles nous ne sommes ni historiens, ni philosophes. Plutôt que de compiler, plagier, interpréter, déformer, nous préférons rapporter la parole de notre Maître.

Les 2 paragraphes suivants sont extraits du premier ouvrage de Maître Lee Kwan Young "le taékwon do" rédigé en 1971. Cet ouvrage publié en 1975 aux éditions SEDIREP, est encore disponible.

fresque.gifSignification et esprit du Taekwon Do

Le Taekwon Do n'est pas seulement un art martial destiné à obtenir à tout prix une victoire. Il a également pour but de développer et de perfectionner, par une discipline rigoureuse, toutes les facultés, spirituelles et physiques de l'homme.

Les Anciens définissaient le Taekwon Do comme étant "l'art martial du sage". Ils le considéraient exclusivement comme un moyen de défense. "Ne pas provoquer mais se défendre" telle est l'essence du Taekwon Do. C'est pourquoi sa pratique exige un certain état d'esprit et une parfaite maîtrise technique.

Qu'est-ce que le Taekwon Do?
"Tae" signifie donner un coup de pied.
"Kwon"signifie le poing.
"Do" veut dire la voie, la méthode et l'esprit.

Le Taekwon Do est l'art d'utiliser avec le maximum d'efficacité toutes les parties du corps humain susceptible de servir d'armes de défense ou d'attaque, en particulier les mains et les pieds. Outre son efficacité surprenante comme moyen de défense, le Taekwon Do constitue une gymnastique idéale qui permet de développer harmonieusement l'ensemble du corps. Par conséquent le Taekwon Do peut être considéré comme la synthèse de ces deux aspects : self-défense et sport. De nombreux adeptes organisent de nos jours des compétitions publiques de Taekwon Do, à la manière des combats de boxe. L'intérêt spectaculaire de ces rencontres et indéniable, mais considéré sous cet angle, l'essence même du Taekwon Do serait dénaturée.

Nombreux sont aussi les gens qui, à tort, ne voient dans le Taekwon Do qu'un exercice de pure force. Il est certes impressionnant de voir casser à main nue des planches, des tuiles et des briques, mais le Taekwon Do permet de parvenir à ce résultat par un long entraînement il faut bien se dire que cet exercice ne représente pas tout le Taekwon Do. Ce serait au plus le Taekwon Do sous sa forme primitive et brutale telle qu'elle était pratiquée aux temps les plus reculés sur les champs de bataille avec le seul but de porter à l'ennemi des coups sûrement mortels.

Pour des mains ou pieds suffisamment forts et endurcis il est relativement facile de briser des objets inanimés tels que des planches ou des briques. Mais contre un ennemi vivant qui se dérobe ou pare les coups, la puissance de frappe diminue ou perd même complètement son efficacité. La force seule ne suffit pas, il faut en plus une technique appropriée.

Le Taekwon Do s'est développé comme art martial sans arme. Ce sont donc les mains et les pieds qui sont utilisés pour le combat et il est nécessaire de leur imposer un long et dur entraînement.

Leur exercice et la pratique des techniques d'attaque et de défense ne font qu'un, comme une voiture et ses roues. Sans l'un ou sans l'autre, le Taekwon Do ne peut pas atteindre son but. Mais tout cela ne suffit pas, il faut encore un état d'esprit, un état d'âme déterminé. Pratiquer le Taekwon Do sans âme, c'est vouloir utiliser une voiture sans moteur. Les deux cas sont également absurdes.

Le Taekwon Do, cet art guerrier du sage, pratiqué en Corée depuis des millénaires trouve sa finalité dans la sublimation de l'homme. "Devenir", "élever son âme toujours plus haut": voilà le fondement même du Taekwon Do. "N'attaquez jamais le premier". Cette devise délimite clairement le champ d'action du Taekwon Do: réagir et se défendre. Ceci implique le respect d'autrui, le sens de l'équité et la générosité. Celui qui pratique le Taekwon Do doit témoigner constamment de la maîtrise de soi. Quiconque étudiera la pratique du Taekwon Do verra s'ouvrir à lui des possibilités immenses d'augmenter son potentiel spirituel et physique. Le Taekwon Do représente la voie vers la plénitude de l"homme.

"N'attaquez jamais le premier."
La signification de cette maxime se manifeste aussi dans les différentes positions préparatoires. La première, ou "position-prière" consiste à éliminer rapidement toute pensée futile et secondaire, à purifier l'esprit pour le rendre entièrement disponible. Dans un deuxième temps, l'on apprend à se défendre. Purifier l'esprit et se défendre, voilà les caractéristiques pacifiques du Taekwon Do. Pour cette raison, on appelle aussi le Taekwon Do "gentlemanship".

Dans l'art guerrier oriental, trois écoles s'affrontent: Pour la première, l'esprit est supérieur au corps et le domine. Pour la seconde, le corps domine l'esprit. Pour la troisième, la défense du corps est primordiale. Chacune de ces thèses contient une part de vérité, mais aucune n'est parfaite.

Le Taekwon Do, quand à lui, est un art guerrier qui vise à l'épanouissement simultané du corps et de l'esprit. Le corps, endurci tout d'abord, gagne en agilité au prix d'un entraînement impitoyable et d'une discipline de fer. La maîtrise de la technique est le fruit d'un travail acharné et de longue haleine. L'esprit, ensuite, est entraîné à réagir loyalement, surtout en cas de légitime défense. Le Taekwon Do veut réussir une parfaite synthèse du corps et de l'esprit, par la technique. Essayer de faire cette synthèse, c'est entrer en contact avec le Taekwon Do.

fresque2.gifHistoire du Taekwon Do

Dès sa naissance, l'homme a l'instinct de se défendre contre les agressions de ses semblables, de la nature et de parer aux dangers qui le menacent pour survivre le plus longtemps possible. Tout au long de sa vie, il devra défendre son corps avec ses membres et à l'aide de ses cinq sens, de sa volonté et de son expérience. On peut donc dire qu'à l'origine des divers moyens de self-défense se trouve la réaction en chaîne de l'individu et de l'expérience combinée avec l'esprit et la psychologie de l'homme. Des vestiges artistiques occidentaux et orientaux nous permettent de remarquer que les techniques de self-défense remonte presque aux origines de l'humanité.

Ces techniques se développent petit à petit avec la civilisation sous l'influence des nécessités et grâce aux recherches individuelles dans de nombreux pays occidentaux et orientaux. La Corée, dont l'histoire est cinq fois millénaire, a été unifiée pour la première fois sous la dynastie SYLLA, vers l'an 600 après J.-C. Cette unification a été rendue possible par une organisation de jeunes gens, HWA-RANG-DO. Ces jeunes hommes, âgés de quinze à vingt ans, choisis particulièrement dans l'aristocratie, admiraient la nature, qui servait de cadre à leur entraînement effectué dans la justice et l'amitié. Ils avaient le culte de la beauté corporelle et considéraient que l'esprit et le corps ne faisaient qu'un, un esprit pur se reflétant dans un corps harmonieux. Ils choisissaient toujours, pour leurs exercices, un cadre naturel grandiose afin de se familiariser avec les secrets de la nature. Cette communion avec la nature leur était indispensable, physiquement et spirituellement. Sous l'influence du Confucianisme, le loyalisme envers l'Etat devint une idée directrice, et HWA-RANG-DO forma ainsi une véritable élite militaire. Un programme d'entraînement fut mis au point sous le nom de TAE KYON ou "combat sans armes".

La dynastie KORYO succéda à la dynastie SYLLA. Sous ce règne, l'art guerrier tomba en désuétude et fut même méprisée. Sous l'occupation japonaise, il fut strictement interdit de pratiquer cet art à cause de son caractère national, et le TAE KYON fut remplacé par le Karaté japonais ou le kem-po chinois. Ce n'est qu'en 1945, à la libération, que le Mouvement pour la Restauration de l'Originalité Coréenne se créa. En 1955, par suite d'une concertation d'experts et d'érudits, on adopta le vocable de TAEKWON DO pour désigner la forme rénovée de l'ancien TAE KYON.

Le Taekwon Do est donc d'origine purement coréenne, comme en témoignent les plus anciennes peintures, et il convient de ne pas le confondre avec la Boxe Chinoise ou le Karaté japonais, dont il diffère d'ailleurs profondément.

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Photos - Textes et Réalisation Patrick Tamburini aujourd'hui disparu.
Editeur SEDIREP: 37, rue de la Belle-Feuille 92100 Boulogne
Dépôt légal: 2ème trimestre 1975
© SEDIREP 1979

Vous pouvez également consulter l'histoire détaillée des arts martiaux Coréens par Scott Shaw